Quand Mihai me propose de l’accompagner en voyage grimpe pour les coacher, lui et sa famille, la destination est facile à trouver.
La Turquie recèle de nombreuses falaises développées dans les 20 dernières années. Certaines très accessibles et d’autres plus reculées. Plusieurs voyages m’ont permis de les découvrir et de déterminer celles qui correspondent le mieux à notre groupe, grimpant entre le 6a et le 8a.
Une quinzaine de jours s’offrent à nous et nous décidons de passer 8 jours autour d’Antalya, à Geyik Bayiri et Citdibi, puis 5 jours vers Olympos.
La Turquie recèle de nombreuses falaises développées dans les 20 dernières années, certaines très accessibles et d’autres plus reculées.
Caroline Minvielle
Repérage de lignes à Kulluin |
L’escalade à Geyik Bayiri est ce que l’on peut qualifier de “facile” : le site se trouve à 40 min de l’aéroport international d’Antalya, de nombreux hébergements sont disponibles, le topo, bien que plus complètement à jour, fournit les informations essentielles, les secteurs sont nombreux et variées, les voies sont bien équipées (voire parfois trop !) et de tous niveaux. Il s’agit alors de choisir le secteur qui conviendra le mieux au groupe.
Léon en plein échauffement |
Un aperçu de Korridor |
Nous commençons par Korridor, secteur récemment développé et qui a le grand intérêt d’avoir deux orientations. L’escalade est verticale sur prises franches qui ressortent, règles ou knobs, et les cotations plutôt gentilles. Rien de mieux pour se mettre en jambe !
Mihai dans un 6c+ |
Les températures en ce mois d’octobre sont assez élevées à Geyik Bayiri et nous devons clairement grimper à l’ombre. La belle face sud de Sarkit, Magara, Anatolia nous fait de l’œil mais, à part de nuit, ce ne sera pas pour ce séjour.
Les secteurs ombragés ne sont pas légions. La référence et valeur sûre en cas de fortes chaleur, c’est Trebenna, exposée plein nord. Les formes y sont incroyables, des piliers gigantesques en équilibre et des colonnettes. Seulement, le rocher a subi les passages successifs de grimpeurs affamés et les voies, malgré de grandes envolées, sont souvent assez blocs. Il faut bien choisir ! Nous y passerons tout de même deux journées car Mihai et Michel avaient leur projet respectif : “Rattle Snake Saloon” 7b et “Latte Tsunami” 6c, deux superbes voies dans leur niveau.
Les piliers du secteur Trebenna |
Quelques autres voies qui valent le détour à Trebenna :
- “Fight the Butcher” 7a
- “Lycian Highway » 7b
- “No Money no Dance” 7c
- “Yin Yang” 7c
Maïa repère son premier 8a parce que c’est aussi ça l’escalade ! |
Nous grimpons également deux journées sur un récent secteur passant à l’ombre l’après-midi : Ruzgarli Bahce. Le pied de voies, une grande esplanade de graviers, est ultra confortable et les formes du rocher sont là encore assez exceptionnels ! Maïa y trouve son projet “Animasyon Otomatik” 7c+ mais quasiment toutes les autres voies sont à faire. Un secteur qui, de premier abord, semble petit et anodin, s’est révélé très agréable à grimper et avec une grande densité de belles voies, du 6b au 8a, avec au moins une voie collector dans chaque niveau. C’est la belle surprise !
Mihai d’un côté… |
…puis de l’autre de la belle proue de « Uzun Ihsan » 7b |
Il nous reste une journée de grimpe autour d’Antalya et nous avons envie de changer de paysage. Ça tombe bien, je rêve de découvrir la falaise de Citdibi, à 40 min de Geyik Bayiri. J’avais au départ quelques craintes quant au niveau des voies pour tout notre groupe. Mais le secteur principal Kanyon est comme son nom l’indique un canyon avec une face impose de 150 m de dévers sur colonnettes et en face une dalle de 25-30 m bien fournie en prises. C’est idéal !
A vous de repérer le grimpeur ! |
Delia s’initie ainsi à l’escalade et pourrait presque, une fois au relais, taper dans la main de son fils en train de grimper dans un 6c de l’autre face. Plutôt magique !
Délia et Léon papotent tandis que Kilian grimpe en arrière plan |
Côté belles voies, on retiendra :
- quasiment toutes les voies centrales de la dalle
- “Gonul Gozu” 6c+
- “Cupidon Right” 7a quand l’oppression du canyon se fera trop sentir !
- “Jim Beam” 7c
Il y en certainement une grande quantité d’autres voies collector mais pour cela, il nous faudra revenir !
L’ambiance du Kanyon de Citdibi |
La vie en Turquie est douce. Elle est ponctuée de petits déjeuners turcs, ceux qui vous calent pour une journée entière si vous tentez de finir tout ce qui est proposé et, quand les avants-bras sont à bout, de resto du soir. Notre camp de base est vite devenu Alps Star, à l’entrée de Geyik Bayiri. Le gérant est très accueillant, parle français et propose une bonne cuisine, très abordable. Nous avons été ravis également de l’accueil de Tobias et Duygu à Josito. Ça fait plaisir de changer d’atmosphère et de manger une cuisine plus européenne et orientée végétarienne. On sent qu’ils ont l’expérience des grimpeurs et on l’apprécie ! Et quand il s’agit de parler escalade ou dernières voies équipées, ces deux passionnés répondent évidemment présents !
Photo de groupe au QG d’Alps Star |
Nous poursuivons notre périple grimpesque dans un endroit paradisiaque : Olympos. Le secteur à visiter pour l’escalade est Cennet : un mur lisse parsemé de trous et de réglettes. Chacun y trouve une voie à ronger et, malgré la fatigue de fin de séjour, nous y passons 4 journées. Ce qui est sûr c’est que les dernières forces ont été jetées dans la bataille ! Peu de regrets à avoir !
Le nouveau cadre de jeu |
Michel dans « The Trooper » 7a |
L’accès au secteur Cennet a sa particularité, longer la plage de Cirali jusqu’à rejoindre le massif en dépassant les ruines de la cité antique d’Olympos. La baignade est toute bienvenue après les efforts fournis. Quant à la vie à Cirali, elle est simple et agréable, rythmée par le bruit des vagues et des miaulements des chats réclamant quelques caresses ou juste une place confortable sur un coussin moelleux tout juste réchauffé.
Et nouvelle approche |
Enfin, un spectacle qui vaut le déplacement, juste à côté de Cirali, est d’observer les Chimères. Ce sont des flammes sortant de terre comme par magie dans un cadre contrasté entre rochers à nu et forêts de pins dominant la mer. En réalité, du méthane s’échappe de fissures de petites cavités et s’enflamme au contact de l’air. Nous vous conseillons de privilégier le coucher de soleil pour apporter à une ambiance mystique à cette scène.
Maïa et Leon, hypnotisés par les Chimères certainement et par leur voyage aussi |