Après quelques jours de couennes dans le Sud de la France notamment à Roquevaire, on se dirige avec Max vers le Verdon pour entamer la saison de grandes voies en ce début avril !
Broyage de croutes à Roquevaire !Photo : Fred Ripert |
Notre objectif est une classique des Gorges : les rideaux de Gwendal, 250 m, 7b max.
Les premières longueurs sont agréables puis nous arrivons à la fameuse longueur en 7b qui se révèle ne pas être très jolie : polie, bloc et glissante… Je tombe en zippant, râle un coup mais les quelques mouvements qui suivent sont encore durs et les pieds dans la choucroute glissante, franchement désagréables ! Je m’emploie pour passer et arrive au relais plutôt déçue de cette longueur.
Longueur d’anthologie |
Heureusement, la longueur en 6c sur rocher orange et énorme trous me redonne du baume au cœur. Comme c’est beau ! Ca déroule, il y a de l’ambiance, tout ce que j’aime. Arrivée à R5, je prends des photos de Max qui me rejoint, manque la poche de ma veste et… lâche mon téléphone pour 150 m de vol plané ! On le regarde dérivé et je repère où il tombe, espérant pouvoir le retrouver après la voie…
C’est amusant de remarquer comment une petite erreur, ici sans importance, peut influer sur le mental. Cette chute met en évidence d’un coup la gravité et notre environnement aérien. A force d’automatismes, on n’est plus habitué à se rendre compte du potentiel risque qui nous entoure et avec ce rappel à l’ordre, je me surprends à vérifier bien plus mes manips, à hésiter un peu et à sentir un léger malaise avec ce vide désormais presque tactile et omniprésent…
Nooooo |
Enfin il suffit de se reconcentrer sur la grimpe et j’oublie tous ces tracas. La longueur suivante est certainement la plus belle de toute la voie : un pilier ultra aérien sur des trous ceusiens. Pour le coup on sent bien le gaz et malgré ma concentration, je reste un peu distraite par cette petite boule au fond de ventre. Plus d’erreur…
Je poursuis dans la longueur en 6c+ dalleuse qui a vraiment subi les passages. Le calcaire gris d’habitude si adhérent, à force des passages, a jauni et glisse comme de la glace. Cela rajoute un peu de piment aux sections mais pour une escalade technique sur les pieds, cela n’est pas toujours plaisant !
Dernière photo du téléphone avant le grand vol |
Les deux dernières longueurs déroule sur du beau rocher. Les sections, moins obligatoires, sont aussi beaucoup moins usées et nous arrivons au belvédère après le dernier passage dévers qui peut surprendre pour une longueur en 5 !
Globalement, j’ai été un peu déçue, par la longueur dure qui n’était pas très jolie et par l’usure du rocher par endroit. Je m’attendais certainement à trop pour cette voie réputée incroyable… C’est la rançon du succès mais je ne peux m’empêcher de regretter de la grimper 15 ans trop tard. Sur le même mur, par exemple, j’avais largement préféré « Pichenibule » où toutes les longueurs sont splendides et qui, dans mes souvenirs au moins, étaient moins usées.
Une des premières longueurs |
Pour finir notre journée, nous sommes partis à la recherche du téléphone volant par le sentier Martel ! Comme c’est beau de découvrir les faces que je ne connais pas encore :
Des projets à n’en plus finir…
Après une peu de bartasse pour arriver au pied de la voie, je me dirige directement vers l’arbre que j’avais repéré du haut et dans lequel le téléphone semblait être tombé. Coup de chance, je le trouve au pied, coque protectrice d’un côté et téléphone de l’autre, toujours allumé, écran déboité mais vitre intacte. Après 150 m de chute, nous ne donnions pas cher de sa peau !
Incroyables retrouvailles |
Il faut croire que cette fois-là, la chance était avec nous pour nous donner une bonne leçon sans conséquence aucune…